Dans quelques jours, 2005 aura vécu. Une année des plus favorables pour nos éleveurs, du moins les producteurs de viande bovine, même si la sécheresse, toutefois moins "caniculaire" qu'en 2003 et plus ou moins sévère selon les régions, a quelque peu altéré les effets bénéfiques de la bonne tenue des cours.

Pour les producteurs de porcs, ce n'est pas le même "refrain" … on n'ose même plus parler de crise lorsque les cours sont au plus bas depuis … plus de trois ans ! Et pourtant nos éleveurs ne baissent pas les bras, 15 d'entre eux se sont engagés dans la création d'une maternité collective en Corrèze pour maîtriser leur approvisionnement en porcelets, et plus de 700 cochettes sont aujourd'hui prêtes à mettre bas à Meyrignac l'Eglise …

En revanche, en élevage bovin, les indicateurs économiques sont restés au vert pratiquement tout au long des douze mois écoulés, prolongeant en cela les tendances déjà observées en 2004. Deux "bonnes" années consécutives de conjoncture, cela ne s'était pas vu depuis longtemps !

Le broutard limousin est à ce titre une nouvelle fois le plus symbolique : défiant les prévisions pessimistes et désormais "habituelles" de début d'exercice, il a fait mieux que tirer son épingle du jeu … frisant en début d'automne ses cours record … de 1989 !

Pour les femelles de boucherie, on est passé en quelques mois d'un certain encombrement à une relative pénurie ! Cette situation aléatoire et difficile à gérer pour les filières, notamment pour celles engagées sous signe de qualité, risque malheureusement de perdurer, tant que la production de viande rouge dans notre région dépendra pour l'essentiel et aussi étroitement du fonctionnement du troupeau de souche.

Quant au marché très actif des animaux d'élevage, il exprime sans doute une certaine recapitalisation au niveau des troupeaux, notamment dans les exploitations plus particulièrement affectées par l'épisode climatique de l'été 2003. Et là aussi, c'est le manque de marchandise qui a limité le commerce.

Et, il y a enfin notre veau de lait sous la mère qui a fait de la résistance dans un contexte un peu plus difficile pour lui, compte tenu notamment du prix du maigre. Voyant ses cours se maintenir à un niveau élevé, il enregistre un recul limité des volumes, par ailleurs beaucoup plus réguliers désormais dans le temps, preuve supplémentaire des efforts réalisés par les éleveurs pour maîtriser toujours mieux leur production. Toutefois, les "creux" plus ou moins marqués des livraisons, comme en Octobre cette année, n'iront pas à l'avenir sans poser des problèmes sérieux à l'ensemble de la filière, surtout s'ils devaient se traduire par une rupture de l'approvisionnement de nos bouchers engagés en label … avec pour conséquence une perte de débouchés qu'il sera difficile de reconquérir !

Cela m'amène à redire qu'aujourd'hui on ne peut plus se contenter de produire, il faut produire pour un marché … encore faut-il ne pas s'arrêter de produire !

Au moment où les éleveurs sont en train de calculer leurs DPU, synonymes d'aides découplées de l'acte de production, ne cédons pas à un discours technocratique ayant pour visée de décourager un certain nombre d'entre nous ! Ne nous laissons pas endormir par le bon niveau actuel des cours ! Seul un volume élevé et régulier de production permettra de conserver nos filières garantes d'un prix rémunérateur. Dans un marché ouvert, moins on produira … et plus le prix de la viande risquera de baisser … sous l'influence de l'importation et d'opérateurs de ce fait "dédouanés" !

Il y a de la place pour des produits de terroir de haute qualité, valorisant via des démarches collectives et dynamiques notre savoir-faire et notre travail, un travail qui reste éminemment noble … celui d'éleveur paysan limousin !

Les périodes que nous vivons sont propices à la remise en cause, aussi et en conclusion, je vous invite une nouvelle fois avec insistance à assister à votre Assemblée de Section (les dates seront publiées dans le prochain numéro du Bulletin), pour discuter ensemble du rôle et du fonctionnement de votre Coopérative, je vous dis donc … à bientôt !