Jean-Claude MALAGNOUX exploite 78 Ha de SAU aux Bordes sur la commune de Sarran en Haute Corrèze. Agé aujourd'hui de 25 ans et installé depuis trois ans, il a repris l'exploitation familiale sur laquelle il conduit un cheptel de 40 vaches limousines, en production de veaux de lait sous la mère, ainsi qu'un troupeau de 130 brebis mères.
Il vient de vendre sa deuxième bande d'animaux sous Label Rouge "Porc Fermier du Limousin" avec succès. La création de l'atelier porcin en élevage plein air s'avère un complément de revenu intéressant malgré la crise, tout en ne mettant en jeu que de faibles investissements.
Tout d'abord, pourquoi du porc ?
"C'est un éleveur de porcs qui m'a incité et encouragé à en faire sur mon exploitation pour m'apporter un complément de revenu."
Du cochon, oui mais pourquoi du plein air ?
"C'est vrai qu'autour de chez moi, il y a beaucoup d'éleveurs de porcs en bâtiments, mais l'opportunité de faire du plein air m'a séduit. Surtout dans une démarche qualité comme celle du Porc Fermier du Limousin."
Beaucoup de personne ne croient pas à la rentabilité du porc élevé en plein air. Après deux bandes, quel est votre sentiment ?
"Pour ma part, les porcs m'ont été réglés bien au-dessus des cours du marché breton, de 1.50 à 3 F de plus pour les animaux labellisés. Et avec une moyenne de 60 à 70 % de porcs commercialisés sous label, la plus-value couvre largement les charges, me laissant un revenu intéressant."
Au niveau du temps de travail et des contraintes vis-à-vis du plein air, comment les gérez-vous ?
"Le travail est quotidien et me prend dix minutes deux fois par jour, à deux, pour nourrir les porcs. Il reste le paillage des cabanes, surtout au début, et la surveillance des cochons. Je me suis équipé d'un quad pour moins abîmer le chemin d'accès et je remplis les auges incorporées dans les abris.
Et il y a peu de pertes, et donc peu d'interventions sur les porcs, lorsqu'il sont dans les parcs. En fait, c'est la construction des parcs et la mise en place des cabanes et de l'eau qui m'ont pris le plus de temps, mais maintenant c'est fait pour un moment !"
Les porcs aiment retourner le terrains, comment se comportent-ils sur vos anciennes prairies ?
"C'est vrai, les porcs aiment galoper, retourner les mottes de terres, se dépenser par de longues courses. Ils ont un comportement très différent par rapport à des porcs en claustration, ils me connaissent et, à l'heure des repas, aucun ne manque à l'appel !
La pression sur le terrain reste assez faible, avec 200 porcs à l'hectare. De plus, il est très portant et légèrement en pente, ce qui ne pose pas de gros problèmes d'entretien. D'ailleurs, le cahier des charges nous oblige à respecter des vides sanitaires de six semaines et de changer de parcelles tous les ans."
Certains pensent que les porcs en plein air sont plus sujets aux maladies, et craignent le froid, qu'en est-il ?
"Avec moins de 2 % de pertes, je crois qu'il n'y a pas d'autres commentaires. Il y a des règles simples de conduite et il suffit de les respecter : notamment pailler les cabanes, augmenter la ration en hiver, surveiller l'abreuvement au départ. Au niveau des dépenses vétérinaires, je n'ai que le traitement au vermifuge des porcs à 50 kg et une semaine de supplémentation à l'entrée des porcelets."
Comment le voisinage a-t-il perçu l'installation d'un élevage de porcs ?
"Je n'ai pas eu de problèmes particuliers pour l'implantation de ma porcherie. Mon Groupement, DEFIPORC, le section porcine de BEVICOR, a instruit mon dossier de déclaration d'élevage puis l'a transmis à la Préfecture.
A partir de là, j'ai pu mettre en place mes parcs et installer mes cabanes. Tous mes voisins sont venus visiter mes installations ainsi que plusieurs éleveurs de porcs."
Si c'était à refaire, repartiriez-vous aujourd'hui ?
"Plus que jamais, avec 130 000 F d'investissements, je ne regrette rien … au contraire, j'aurais dû le faire plus tôt !"
Le porc plein air, produit dans les normes du cahier des charges du label, répond à plusieurs attentes du consommateur (qualité du produit, respect de l'environnement, bien-être animal) tout en intégrant les problèmes d'occupation de l'espace rural par son extensivité.
L'ensemble de la filière accompagne ces démarches de production de qualité et assure, par des débouchés croissants, le développement de nouveaux ateliers.
Ces créations, qui ne sont pas marginales, correspondent donc à une vrai demande du consommateur, tout en se traduisant par un complément de revenu pérenne pour l'éleveur … ce qui n'est pas si souvent le cas !