FIER D'ETRE JEUNE PRODUCTEUR DE VEAUX SOUS LA MERE


Retour à l'accueil Les points de vente Le veau Limousin grandeur nature Les recettes

 

LE VEAU SOUS LA MERE EST UNE PRODUCTION EXIGEANTE POUR LES ELEVEURS, TROP EXIGEANTE MEME POUR BEAUCOUP D'ENTRE EUX. D'AUTRES, Y COMPRIS DES JEUNES, L'ONT CHOISIE CAR ELLE PERMET D'EXERCER UN "VRAI" METIER D'ELEVEUR. NOUS RAPPORTONS ICI LE TEMOIGNAGE DE JEAN-MARIE MIGOT, QUI COMPTE PARMI CEUX-LA

Jean-Marie MIGOT est le plus jeune lauréat du Blason d'Or "Veau Fermier du Limousin" que le GAEC MIGOT a obtenu en 1998 qui distingue chaque année un éleveur de la Coopérative engagé dans la filière Label Rouge "Blason Prestige".

Pierre et Jean-Marie MIGOT, père et fils, exploitent en GAEC 65 ha de SAU à Coulié sur la commune de Ste-Féréole. Le cheptel de souche se compose de 72 limousines et du renouvellement. La très grande majorité des veaux (plus de 80 %) sont produits en veaux de lait sous la mère.

 

JEAN-MARIE ET PIERRE MIGOT DEVANT UN BEL ALIGNEMENT DE LIMOUSINES

Jean-Marie, pourquoi avoir choisi cette production ?

"Je me suis installé en 1997 en GAEC avec mon père sur 48 ha. J'ai choisi le veau de lait parce que c'est une production qui me plaît … on voit vite ce que l'on fait, en matière génétique, sur la conformation, la couleur … c'est intéressant de faire un produit fini ... on le suit de la naissance à l'abattoir. Enfin, c'est une production bien adaptée à notre exploitation."

 

Avez-vous été orienté vers cette production lors de votre formation ?

"J'ai fait un BTS Productions Animales dans un Lycée Agricole du Limousin. A vrai dire, la seule fois que j'en ai entendu parler ... c'est lors d'un exposé que j'ai fait avec un copain, lui aussi corrézien et fils de producteur de veaux de lait. On ne peut donc pas dire que j'y ai été encouragé ... ni d'ailleurs découragé ! Par contre, j'avais vu faire du veau de lait à la maison."

 

Pierre, vous avez toujours produit du veau de lait ?

"Non ! Lorsque je me suis installé en 1973, c'était la "grande" époque du broutard. Pour éviter de faire tuer à la boucherie des vaches pleines, on a commencé à vendre des nourrissons, que des voisins achetaient et élevaient en veaux de lait.

Puis Christine, mon épouse, s'est dit que ce serait sans doute plus intéressant d'essayer d'apporter cette plus-value nous-mêmes. Elle a commencé comme ça, dans les années 86-87, avec 5 - 6 veaux par an. Puis on est passé à 10 - 15, sur des vaches prévues à la réforme ou sur des vêlages décalés, jusqu'à l'installation de Jean-Marie, où alors on a vraiment augmenté."

 

Jean-Marie, quelles sont les conditions de rentabilité de cette production … et son avenir sur l'exploitation ?

"Je considère qu'il faudrait arriver à une moyenne de 6 500 F, avec un différentiel de 1 500 F à 2 000 F avec les broutards (1). Cette année, on devrait produire environ 45 veaux. Nous sommes en train de faire des investissements pour cette production : modernisation des bâtiments, aménagement d'une stabulation libre pour les vaches et d'une salle de tétée."

(1) Il convient de prendre en compte, dans les moyennes annoncées, les mâles et les femelles, tant en broutards qu'en veaux de lait .

Quels sont pour vous les clefs de la réussite ?

" D'abord, maîtriser la reproduction des vaches et ensuite produire de la qualité, c'est-à-dire des veaux jeunes avec de la couleur, de la conformation et de la finesse avant tout ... et avant la croissance.

Ca commence par la génétique. On fait à peu près 30 % d'insémination artificielle. Sur une partie des vaches, qui sont en fait issues de deux "grandes" lignées , on fait des IA pour garder des génisses lorsqu'il naît des femelles : sur le reste, on met des doses pour faire du veau de lait. Et puis, il y a les taureaux … c'est pas facile de trouver un taureau qui aille bien pour tout faire. Sur les trois derniers, on a eu la "chance" d'en avoir un qui a très bien marché et aucun de vraiment "mauvais" ... c'est déjà pas mal ! Il faut dire que le bon était le fils d'une très bonne vache, bien connue dans le milieu corrézien ... comme quoi il n'y a pas que du hasard !

 

Il n'y a pas que la génétique ?

Après, il y a le bâtiment et son ambiance : aération, ventilation, calme … il faut aussi que ce soit très propre.

Enfin, on doit absolument respecter des heures régulières de tétée ... et faire preuve de patience. Il ne faut pas vouloir rattacher les veaux avant de les avoir lâchés ! On fait téter les veaux à deux, avec ma mère. Chacun s'occupe des siens, et n'en fait téter qu'un à la fois."

 

Mais tout ça demande beaucoup de temps !

"Oui, c'est du temps, mais c'est le revenu de l'exploitation. Avec quelquefois plus de 20 veaux en même temps, on passe bien 2 heures et demi à deux, matin et soir. Pour faire ce métier, il faut d'abord aimer l'élevage ! Personnellement, je préfère faire téter les veaux que travailler en usine ou dans un bureau … c'est une production qui, en définitive, rémunère bien le travail, à condition de ne pas le ramener à un taux horaire !

Vous savez, j'ai des copains qui vendent des reproducteurs, ils ne comptent pas non plus le temps qu'ils passent avec les bêtes … ni celui qu'ils passent avec les clients ! Eux aussi aiment l'élevage."

 

Des jeunes éleveurs corréziens sont prêts aujourd'hui à reprendre le "flambeau" du veau de lait sous la mère, transmis le plus souvent par leurs parents et grands-parents. Ils veulent vivre de cette production traditionnelle, fleuron historique de l'élevage de notre région, en la modernisant tout en respectant son authenticité.
Ils savent que si elle disparaît, on ne la "recréera" jamais ... Ils ne demandent qu'à pouvoir lutter à armes égales !